Le numérique et le dématérialisé, est-ce vraiment plus écologique ?
Quelle quantité d’énergie se cache derrière les millions de serveurs de Google ?
Internet est-il véritablement aussi « vert » que ce que l’on pourrait penser ? Derrière l’utopie du dématérialisé sans impact sur l’environnement (comment des ondes et des suites virtuelles de 0 et de 1 pourraient-elles agir sur la planète ?) se cache une réalité très concrète, et surtout très polluante.
On considère que si Internet était un pays (actuellement peuplé par environ 40% de la population mondiale), il serait le cinquième plus gros consommateur d’électricité. Comme le dit le directeur réseau d’ Orange : « Internet, c’est avant tout une infrastructure de réseaux lourde, ce sont des millions de kilomètres de cuivre, de fibre optique. » De plus, les milliards de données en ligne sans cesse disponibles nécessitent l’utilisation de « data centers », usines de stockage dont les serveurs fonctionnent jour et nuit sans interruption. Dans La Face cachée du numérique, l’impact environnemental des nouvelles technologies, Fabrice Flipo, Michelle Dobré et Marion Michot notent « qu’un data center moyen consomme autour de quatre mégawatts par heure, ce qui équivaut environ à la consommation de 3 000 foyers américains ». Et c’est encore sans compter sur l’impact écologique des particuliers, qui constitue quasiment le double de celui des data centers…
Sommaire de l’article :
Pollution et Internet : les chiffres
Aussi surprenant que cela puisse paraître, les millions d’ordinateurs de stockage de Google ou Facebook sont loin d’être les fautifs principaux lorsque l’on comptabilise les consommations énergétiques : c’est nous, les internautes, qui sommes responsables de presque 50% des gaz à effet de serre émis par Internet.

Cherchant à trouver des réponses concrètes, GreenIT publie une étude sur l’impact écologique d’Internet (en comptant 3 milliards d’internautes ) :
- 346 kWh d’énergie (surtout de l’électricité), soit la consommation électrique annuelle de 10 ordinateurs portables.
- 203 kg de gaz à effet de serre.
- 2924 litres d’eau, soit 2 ans et demi de survie pour un être humain ou la fabrication de 3 smartphones.
A savoir : un kilowattheure équivaut au fonctionnement d’un frigo pendant une journée, d’une demie journée de travail avec un ordinateur fixe ou d’une heure de chauffage pour un foyer lambda en hiver.
Ce même impact annuel, au niveau mondial :
- 1037 tWh d’énergie (toujours surtout de l’électricité), soit la consommation de 40 centrales nucléaires ou 140 millions de français.es.
- 608 millions de tonnes de gaz à effet de serre, soit la consommation de 86 millions de français.es.
- 8,7 milliards de m3 d’eau, soit la consommation de 160 millions de français.
Autres exemples indicatifs selon l’Ademe :
- les envois de mails dans le cadre professionnel produisent chaque année 13,6 tonnes équivalent CO2 à l’échelle d’une entreprise de 100 personnes, soit 13 allers-retours Paris-New York.
- Les requêtes via moteurs de recherches représentent 9,9kg équivalent CO2 par internaute et par an, une personne effectuant en moyenne 2,66 recherches par jour ou 949 recherches par an
Selon le physicien américain Alex Wissner-Gross : 2 requêtes sur Google seraient égales à l’énergie nécessaire pour faire bouillir l’eau d’une bouilloire (15 grammes de CO2). Une requête sur Internet équivaudrait donc à se servir une tasse de thé… A garder en tête lors de vos prochaines navigations !
Limiter l’impact écologique du numérique
A l’échelle individuelle, de petits gestes simples suffisent à réduire son impact environnemental.
- Limiter les recherches Google et saisir directement l’adresse URL d’un site lorsqu’on la connaît. De même, enregistrer les sites que l’on utilise régulièrement dans les favoris afin d’y accéder sans passer par une recherche = 5kg de CO2 économisés par an et par personne.
- Éteindre sa box Internet le soir ou avant de partir au travail. Allumés 24h/24, les équipements d’accès à Internet consomment de 150 à 300 kWh par an, soit la consommation de 5 à 10 ordinateurs portables allumés 8h par jour. Profiter de tous ses moments d’absence pour éteindre sa box = 65 à 130kWh économisés, soit 8 à 16 euros/an.
- Entretenir et faire durer ses équipements. La pollution liée à Internet est très largement imputable aux ressources utilisées pour la fabrication des ordinateurs, tablettes, smartphones, clés USB etc. ; lutter contre l’obsolescence programmée (« l’ensemble des techniques destinées à réduire la durée de vie ou d’utilisation d’un produit afin d’en augmenter le taux de remplacement« , selon Wikipédia) permet donc de prévenir les dégâts environnementaux liés à la manufacture de nouveaux périphériques.
- Éviter de regarder la télévision, des films ou des séries en streaming sur Internet. La vidéo en ligne représente environ 60% du trafic d’Internet et regarder une émission en streaming génère autant de gaz à effet de serre de fabriquer, transporter et lire un DVD.
Point positif à noter cependant : les géants d’Internet que sont Google, Apple et Facebook se sont très rapidement engagés dans l’utilisation d’énergies renouvelables. Le rapport de Green Peace concernant leurs efforts (et l’absence d’efforts d’autres groupes comme Amazon) est consultable en ligne.
Liens
- L’empreinte écologique du numérique
- Étude et chiffres sur l’impact environnemental du web
- Comparaison entre livres et liseuses
- Autres conseils pour réduire son empreinte carbone
- Économiser l’électricité
- Rapport de Green Peace sur les grands acteurs d’Internet
- Documentaire vidéo : Internet, la pollution cachée